vendredi 22 juin 2018

L'EAU DE VIE DE JEAN PICHET. "lecture de "Journal de mon talus"..

​de la part de Françoise Vignet, poète et adhérente de l'association Penne Mirabilia Museum ​

Jean PICHET a lu « Journal de mon talus », de Françoise VIGNET, paru  aux éditions Alcyone en mai 2017.
 Journal de mon talus est un journal sans dates. Le temps, ici, le temps du calendrier, des montres, de l’actualité, de la vie privée ou sociale est laissé de côté, au profit du temps des saisons, évoquées par les mois que l’auteure place comme en sous-titres des brèves proses qu’elle a rassemblées dans cet ouvrage.
     Françoise Vignet se veut réceptive à ce qui survient dans le lieu où elle a choisi de vivre en poète. Elle saisit ce qui la saisit ; elle accueille ce qui l’accueille ; elle note ce qui, à certains moments, lui donne le sentiment d’être corps et âme, esprit et cœur, en communion avec le monde naturel, qui semble s’enchanter lui-même, naturellement. Les eaux  d’un étang sont des ciels  (p.19).  Un plaqueminier est l’Arbre du Jardin des Pommes d’or (p.18).
     Mais ces enchantements ne semblent pas être, pour elle, l’important. L’important, pour Françoise Vignet, c’est de se faire accepter, accueillir par cette beauté qui nous est a priori étrangère – qui ne nous doit rien. D’y prendre place, de s’y « glisser », d’y « dévaler », d’y vivre absolument, ne serait-ce qu’un instant, mais un instant qui « n’est plus fraction de la durée » (Avant-Dire). Un instant ouvert immensément, vertigineusement, légèrement, « telle une faille dans le temps » (p.14).
D’où surgit le poème.
     Et c’est comme si le Paradis était retrouvé. Furtivement. Des miettes de Paradis pour notre faim de beauté. Pour celles et ceux qui veulent bien les recueillir, même si elles sont immatérielles.
    Jean Pichet.